Association des Amis d'André Dhôtel
avec Jean-François Grégoire, Lucien Noullez et Jean-Claude Pirotte, animée par Hugues Robaye
Lecture et échange de paroles
Extrait d'un entretien, un peu décousu mais combien révélateur, avec G. Eyabor, le grand spécialiste hongrois de l'oeuvre d'André Dhôtel:
"Vous m'interrogez sur Dhôtel... Beaucoup à dire, mais quoi au juste ? L'oeuvre de Dhôtel est magique et méconnue. Au hasard, mais pas vraiment: elle est celle d'un botaniste et d'un mycologue qui interroge les fleurs et les champignons pour savoir ce que peut bien être notre vie à nous, humains... (il s'éclaircit la voix) Elle est celle d'un philosophe. Il enseigna la philo toute sa vie et fit quelque chose qui nous parle et nous dit, par exemple, que notre honorabilité sociale se réduit à bien peu. Et qu'il nous reste, en tout et pour tout -mais c'est infini- à capter à qui mieux la beauté dans le minime et le quotidien... et à y croire... (il tousse) Cela suffit, cela se vit, cela nous dépasse et nous enchante et nous sauve de bien des entreprises douteuses... Des lumières, une fleur, une jeune fille à peine vue, des histoires abracadabrantes, des ballades par monts et par vaux mais aussi par les villes, des conversations dans l'azur... Assurément, une oeuvre d'utilité publique... et privée; plus végétale et éthérée que l'eau minérale, ceci dit. Ses romans sont comme la vie; des narrations dégingandées et illuminées par moments, des quêtes chaque fois reprises... (nouvelle quinte, une pharyngite sans aucun doute) Romans (les quêtes), poésie (arrêts sur illuminations) et essais (promenades philosophiques en aphorismes et dialogues): une oeuvre variée qui converge. Désinvolture apparente, ironie polie et bienveillante, oui, un ton unique en littérature... Il doit il y avoir autre chose à dire, mais quoi ? L'essentiel probablement..."
Une assistance nombreuse dans une librairie vaste et claire; sur une table, les rééditions récentes des livres d'André Dhôtel (Ma Chère Âme, Ce lieu Déshérité...) les actes du colloque d'Angers, des livres aussi de Jean-Claude Pirotte et Lucien Noullez.
Lucien Noullez se présente comme un lecteur assidu de Dhôtel, relisant trois romans par an, "c'est une ressource quand la vie est chargée...". Jean-François Grégoire, prêtre et enseignant, a écrit "Les Ardennes fabuleuses", sur les rapports entre littérature et spiritualité. Pour Dhôtel, dit Jean-Claude Pirotte, il ne faut jamais renoncer à l'aventure, donc à la vie.
L'oeuvre de Dhôtel, c'est 71 oeuvres, 45 romans, 15 000 pages... On a dit que l'oeuvre de Dhôtel n'était en fait qu'un seul livre, toujours repris, où on va toujours de plus en plus loin vers un mystère toujours différé. Pour Lucien Noullez, l'imperceptible et l'insignifiant deviennent chez Dhôtel les clefs du royaume... Et pourtant, rappelle Jean-Claude Pirotte, André Dhôtel détestait le mot "mysticisme".
Un style bien particulier, comme le dit Lucien Noullez il y a un usage si fréquent d'adverbes curieusement placés, "qu'on corrigerait dans une copie d'élève" ! Des lecteurs qui aiment retrouver un livre d'André Dhôtel, mais par hasard, surtout pas par une lecture systématique...
Par quel livre commencer pour aborder l'oeuvre de l'écrivains ? La Chronique Fabuleuse sans nul doute pour Lucien Noullez; Jean-François Grégoire recommande Le Couvent des Pinsons; Hugues Robaye Retours, par sa qualité autobiographique.
Jean-Claude Pirotte terminera cette rencontre par la lecture émouvante de textes d'André Dhôtel, dont un sur l'auteur arménien Armen Lubin.