Association des Amis d'André Dhôtel
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André Dhôtel philosophe malgré lui ? La question, à l’évidence, n’appelle pas de réponse définitive. Le propos de ce cahier est simplement de mettre en évidence les diverses facettes d’une relation éminemment paradoxale, celle d’un homme, philosophe de profession mais qui a toujours voulu traiter la philosophie autrement que comme une spécialité, qui s’y est régulièrement confronté en s’efforçant de l’aborder toujours de biais ; celle d’un écrivain habité par un questionnement philosophique auquel il a voulu donner la forme la plus romanesque qui soit.
Des textes rares d’André Dhôtel voisinent ici avec des analyses et des réflexions sur une question qui ne manquera pas de piquer la curiosité des lecteurs.
(Philippe Blondeau, dernière de couverture)
Sommaire:
Ce volume permet de rendre compte de façon raisonnée de ce qui est bien une facette
autre et hautement révélatrice de l’art d’André Dhôtel, et non pas un ensemble
anecdotique de quelques scories.
Plusieurs articles proposent des pistes de réflexion en ce sens, d’un point de vue
historique ou générique, ou bien en prenant appui sur des textes particulièrement
significatifs, notamment les plus tardifs, qui sont sans doute aux frontières de la
nouvelle mais qui en marquent la visée mieux encore que d’autres.
Le précieux répertoire établi par Roland Frankart aidera à se repérer dans la multiplicité
des intrigues ; il facilitera aussi les confrontations et comparaisons, révélant les grandes
constantes et les lignes de force de cette production, mais aussi sa diversité qu’on a
parfois tendance à oublier.
Ce volume est complété par le dictionnaire des personnages des nouvelles, contes et
récits, réalisé par Olivier Annequin, qu’on lira avec intérêt en écho à notre cahier n° 18
consacré aux personnages de romans.
Quelques textes inédits ou introuvables jalonnent ce parcours, pour le plus grand plaisir
des lecteurs, nous l’espérons.
(dernière de couverture)
Sommaire:
Dès la fin de l’année 1946, le projet de la revue 84 était sur pieds.
[...] C’est le début d’une aventure éditoriale qui courra sur 18 numéros (aux parutions irrégulières) en 14 livraisons de mars 1947 à mai-juin 1951. C’est à la fois court et long. À cette époque d’efflorescence de revues, beaucoup d’entre elles ne vivaient que quelques numéros. 84, elle, est active pendant plus de quatre ans... Qui plus est, plusieurs de ses auteurs, parmi les principaux, sont des écrivains encore à leurs débuts, mélangeant insouciance et ambition pas toujours consciente ni contrôlée ; on a l’impression d’une enfance de littérateurs.
Nils Blanchard
Ce qui frappe au fil des nombreux échanges reproduits dans ces pages, c’est que la revue 84, même si elle n’a pas laissé une trace durable dans l’histoire littéraire, fut, de l’avis de tous, une exceptionnelle occasion d’amitié et de réussite littéraire, toujours guidée par un grand souci d’honnêteté intellectuelle et d’exigence artistique.
Philippe Blondeau
Les romans d’André Dhôtel doivent à leurs personnages une bonne part de leur originalité. Le Dhôtelland en effet est un pays à la géographie singulière mais c’est aussi et surtout un pays habité. Les rivalités de propriétaires, les secrets plus ou moins bien gardés de leurs domaines aux limites indécises ou contestées, tout cela nous montre combien la terre est le miroir des hommes qui la possèdent. Même les lieux les plus sauvages, les sylves, les landes et autres « pleux » doivent l’essentiel de leur mystère à l’histoire de leurs habitants.
Aussi les personnages sont-ils fort nombreux ; en dehors de ceux qui interviennent plus ou moins directement dans des intrigues souvent complexes, d’autres occupent de simples emplois de figurants, contribuant néanmoins par leur présence à l’atmosphère globale du roman. Au total ce sont près de deux mille individus qui sont ici répertoriés, les romans les plus denses, comme L’Homme de la scierie ou Les Rues dans l’aurore en abritant chacun une bonne soixantaine.
Dresser l’inventaire de cette humanité à part était un véritable défi. Olivier Annequin l’a relevé et nous offre aujourd’hui un registre d’état-civil précis et exhaustif que l’on est heureux de faire partager dans ce volume.
Il aurait été dommage en effet que ce long et patient travail ne soit pas mis à la disposition de tous les lecteurs ; car il s’agit là d’un outil précieux pour approfondir sur pièces la sociologie des romans d’André Dhôtel, à une époque où les études sur le personnel romanesque des écrivains connaissent un réel intérêt.
(présentation, 4ème de couverture, Philippe Blondeau)
Notre cahier n° 4 avait pour titre Les Lieux d’André Dhôtel. Son avant-propos commence ainsi : « Que la question du lieu soit essentielle à l’œuvre d’André Dhôtel, c’est une évidence que l’écrivain lui-même n’a pas manqué de souligner. » Ce cahier n° 17 aborde lui aussi, en quelque sorte, la question du lieu, non dans l’œuvre mais dans la vie du romancier, en nous le montrant tel qu’il fut et tel qu’il vécut dans ses Ardennes et, du temps de sa jeunesse, à Autun, Saint-Omer, Béthune, Athènes, Provins.
C’est l’inventaire des archives de Suzanne Briet, cousine d’André Dhôtel, qui a donné l’idée de ce cahier, en mettant au jour une masse appréciable d’informations relatives au romancier : lettres reçues de son cousin de 1914 à 1984, journal ardennais relatant les vacances communes passées au Mon-de-Jeux de 1955 à 1964.
Paraphrasant le titre du Jean Paulhan, qui suis-je ? publié par Dhôtel en 1986, on pourrait dire que ce cahier n° 17 est, avec Retour et L’École buissonnière, le troisième volet d’un triptyque Qui êtes-vous André Dhôtel ?
Ce volume rassemble les derniers textes d'André Dhôtel publiés dans diverses revues ou éditions à tirage limité. Non repris en volume, ils sont aujourd'hui rares, voire introuvables.
Ils sont donc présentés ici dans le souci de proposer au lecteur ce qui pourrait être un tout dernier livre d'André Dhôtel, en assumant la part de
subjectivité inhérente à une semblable entreprise. Ces textes, en tout cas, sont le reflet d'une quête patiemment poursuivie, et qui, nous semble-t-il,
éclaire aussi la singularité des romans antérieurs en mettant à nu des préoccupations plus ou moins cachées par les nécessités et les artifices du genre
romanesque. Il y a quelque chose d'émouvant dans cette recherche d'une évidence impossible à nommer et pourtant sensible — de plus en plus sensible même
quand un homme, au terme de son existence, s'applique à faire le vide, cultive l'épure jusqu'à ne garder dans ses derniers écrits que les questions à la
fois naïves et essentielles que, sans doute, il n'a jamais cessé de se poser au fil de son oeuvre. On ne peut s'étonner qu'un écrivain qui n'a jamais
cherché à se glorifier de quoi que ce soit se soucie moins de faire le bilan de ses actes et de ses pensées que d'esquisser ainsi une ultime trace
de ce qu'il a inlassablement poursuivi sans en saisir jamais que des bribes ou des éclairs.
Philippe Blondeau
Ce cahier est accompagné d'une réédition en fac-similé de la pièce de théâtre Embarras.
Arts et artistes, voici le thème du cahier n°15 paru en janvier 2018. On y trouve des petits dossiers sur ses amis Michel Gillet, Gilles Sacksick, Camille Claus, Edmond et J.J.J. Rigal, des textes d'André Dhôtel critique artistique de hasard ou de circonstance, des portraits en tous genres, et trois textes de Nils Blanchard, Florent Simonnet et Emmanuel d'Yvoire.
Dans le premier roman d’André Dhôtel, Campements, un peintre du nom de Marcel Hénaut intervient dans l’espace de quelques pages seulement. Il ne joue qu’un rôle très circonstanciel dans cette histoire au demeurant fort dépouillée. Son lien avec les protagonistes est tout au plus celui d’une amitié éphémère. De son art nous ne saurons presque rien : « Il peignait sur des cartons les paysages d’alentour. Les penchants des coteaux, les chemins où des pissenlits poussent et la terre, sur ses tableaux, semblaient devenir plus déserts. » À travers les propos échangés entre Marcel Hénaut et son ami Maurice, le monde des artistes apparait comme un monde lointain, étranger et vaguement inquiétant : « Maurice parlait souvent à son ami d’un de leurs anciens compagnons qui était peintre et qu’ils admiraient pour sa vie passionnée. Blaise avait des yeux bleus et un visage laid. Il paraissait bon, méchant et sauvage. Il avait disparu depuis deux ans, étant parti peut-être dans l’entrepont d’un navire. »
La relation d’André Dhôtel avec les artistes est peut-être de cet ordre-là. Plus qu’une affaire d’esthétique, elle est une affaire de rencontres souvent fortuites, d’amitiés occasionnelles ou plus durables, comme celle qu’il entretint avec le sculpteur Michel Gillet. Sans être indifférent ou imperméable aux questions artistiques, il les considère avec plus de curiosité que de science, avec un regard qu’on pourrait juger parfois naïf.
De même qu’il se méfiait des théories littéraires, André Dhôtel ne semble guère s’être soucié de théories esthétiques. Ainsi écrivait-il à Jean Paulhan, en 1945 : « Je vous remercie
de cette étude sur Fautrier. Elle m’aide à comprendre Fautrier, et je trouve que c’est une défense magnifique des œuvres de ce peintre, parce qu’il n’y est question ni de goût ni de
théories, mais d’opinions communes qui convergent nécessairement vers l’affirmation de la beauté. » Ce qu’il aime surtout chez Fautrier, ce sont « des foyers d’une lumière
certainement jamais vue ». « Mais, ajoute-t-il, il y a certaines toiles où il me manque de la profondeur et de la perspective – justement au profit de la virtuosité lumineuse. »
« De la profondeur et des perspectives » : voilà bien ce que Dhôtel semble chercher et goûter par-dessus tout dans la peinture, comme dans les paysages qu’il décrit. À propos de
Rouault, il écrit encore à Jean Paulhan : « l’image qui m’en reste laisse comme un vide à l’intérieur du dessin et des figures des personnages. La lumière n’en est que plus
extraordinaire sans doute3. » Chez Dubuffet, c’est l’expression qui le séduit d’abord, même s’il émet quelques réserves : « Je suis encore un peu confondu par une sorte de compromis
entre le tableau dont on attend une profondeur et la décoration, par principe aplatie. »
On pourra lire dans ce volume une excellente étude de Nils Blanchard sur les relations d’André Dhôtel avec Jean Dubuffet. Elles sont significatives des relations plus générales qu’il entretint avec le monde de l’art. Jean Paulhan aura sans doute été pour lui un guide dans le domaine de la peinture moderne qu’il connaissait assez peu mais il conservera toujours un regard naïf, une approche que l’on pourrait qualifier de « rêveuse » et qui ne faisait pas de vraie différence entre l’art reconnu et « les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires » que Rimbaud prétendait aimer dans Une Saison en enfer. L’impression que lui laisse certaines toiles de Dubuffet est ainsi « celle qu’on a devant certaines cartes postales très banales où, je crois, on est saisi par la liberté de poursuivre des rêves personnels5. » Les peintres américains qu’il commente à l’occasion d’une exposition parisienne sont aussi dans cette veine, de même que les dessins ou peintures qu’il lui arrive d’introduire dans ses romans : chromos, dessins sur les trottoirs, paysage chinois. Emmanuel d’Yvoire et Florent Simonet interrogent la place et le sens de ces images à la fin du présent volume.
André Dhôtel, donc, ne se pique pas d’être un critique d’art, même aussi peu académique que le héros d’Histoire d’un fonctionnaire. S’il lui arrive de présenter des peintres amis ou des expositions voisines, il s’attache avant tout à dire ce qu’il voit et, plus encore, ce que ce visible laisse à imaginer. Jamais il ne se réfère aux doctrines ou à l’histoire des arts. Pour autant, son regard n’est pas neutre ni indifférent et l’on peut noter une vraie cohérence dans ses commentaires et, sans doute, dans les œuvres qu’il choisit : simplicité de la ligne, mesure des couleurs, refus des effets au profit d’une clarté, d’une lumière. Comme les récits, la peinture doit avant tout s’ouvrir sur un ailleurs, sur une promesse.
Ce sont autant de qualités que l’on retrouve chez ceux qui furent pour le romancier des illustrateurs privilégiés et, pour l’homme, de solides amitiés. C’est par eux que commence ce volume, dans un parcours qui se soucie moins d’apporter quelque contribution à l’histoire culturelle du siècle dernier que d’esquisser, par artistes interposés, une sorte de portrait composite de l’homme et de l’œuvre. À travers ses amitiés artistiques, ses regards critiques, ses métamorphoses sous le crayon de ses portraitistes et ses propres inventions romanesques, c’est un certain Dhôtel que nous souhaitons faire apparaitre au fil des pages qui suivent.
Tous les écrivains ont leur musée imaginaire. Celui d’André Dhôtel contient plus d’oubliés ou de méconnus que de gloires immortelles. On ne s’en étonnera pas, sans doute. Mais ces oubliés ont aussi leur importance et leur valeur, fussent-elles modestes, comme la gloire très locale d’une Marie Howet dans sa bonne ville de Libramont. Ce nouveau volume des Cahiers André Dhôtel est aussi l’occasion de faire découvrir celles et ceux qui, à leur façon, ont aussi contribué au paysage artistique d’une époque.Il nous permet aussi de faire partager l'interprétation photographique d'un artiste dont nous sommes heureux de présenter le travail récent.
Philippe Blondeau
Le quatorzième cahier propose l'intégralité de la correspondance, totalement inédite à ce jour, entre les deux écrivains, de 1943 jusqu'en 1984, peu avant la mort de Marcel Arland.
Voir l'article de Wikipedia sur Marcel Arland.
Voici le treizième cahier, conscré à la nature chez André Dhôtel. "Ce volume ne prétend pas apporter une réponse à une question qu'on peut légitimement tenir pour essentielle. Si la nature occupe dans l'oeuvre d'André Dhôtel la place que l'on sait, il ne s'agit pas ici de la théoriser pour en faire une clé de lecture nouvelle ou définitive. Par Dhôtel lui-même ainsi que par divers de ses commentateurs, beaucoup de choses ont été écrites sur le sujet, par quoi l'essentiel sans doute a déjà été dit. Nous avons donc cherché à dessiner un panorama plus qu'à repenser un problème. C'est ce qui explique la structure particulière de ce cahier, qui vise moins l'exhaustivité d'un inventaire que la diversité d'un vagabondage, tout dhôtélien en définitive... On trouvera ainsi, dans les pages qui suivent, un libre parcours des principales pistes que la nature offre au lecteur à travers les différents aspects de l'oeuvre. ". Philippe Blondeau
Le douzième cahier présente la correspondance entre André Dhôtel et Henri Thomas de 1943 à 1986. "... il s'agit certainement de la correspondance la plus intime, qui nous apporte un éclairage tout à fait précieux sur l'itinéraire et la carrière d'un auteur qui s'est par ailleurs peu confié...".
288 pages, introduction de Philippe Blondeau et Patrice Bougon, chronologie de Roland Frankart, notes et index de Philippe Blondeau et Patrice Bougon.
"... cette amitié est aussi l'expression d'une communauté littéraire singulière, plus atypique que marginale...".
Le onzième cahier, Dhôtel lecteur, paru en décembre 2013, présente un échantillons de textes critiques d'André Dhôtel:
L’œuvre critique d’André Dhôtel n’est nullement négligeable et le choix proposé ici n’en représente qu’une partie. On peut dénombrer deux essais (Rimbaud et Follain) et deux biographies (Rimbaud encore et Rousseau), une quinzaine de préfaces et surtout plus de cent-vingt articles. Ces derniers furent publiés dans diverses revues, dont quelques-unes des plus importantes de l’époque comme Critique et surtout, bien entendu, La Nouvelle Revue Française où parurent plusieurs dizaines de textes.
L’ensemble de cette production révèle des choix et des affinités qui en disent long sur l’univers imaginaire de l’auteur ; elle dessine un territoire littéraire singulier, très en marge des tendances domi-nantes de l’époque. On mettra bien sûr à part les articles sur Rimbaud (déjà reproduits dans notre Cahier n° 7, ces textes ne sont pas repris ici), qui rappellent une rencontre essentielle et une influence jamais démentie si l’on en juge par les nombreuses références, dans des textes très divers, au poète de Charleville. Mais Rimbaud reste à peu près le seul écrivain classique abordé par Dhôtel, qui préfère se placer en position de découvreur. S’il a bien sûr consacré quelques articles à des proches (Thomas, Bisiaux...), il n’en fait pas une pratique systématique. Plutôt qu’une critique de complaisance, il pratique en effet une critique de curiosité. Aussi s’attache-t-il souvent à des auteurs peu connus et atypiques tels que Cingria, Léon Bopp et bien d’autres.
Philippe Blondeau, quatrième page de couverture
Couverture et illustrations de Sylvia Lulin
Le cahier numéro 10 rassemble plusieurs nouvelles parues dans différentes revues:
Avec un avant-propos de Philippe Blondeau, des dessins d'Elizabeth Leyris, et la couverture par Michèle Gillet.
Le neuvième cahier est consacré aux relations d'André Dhôtel avec la Grèce, où il séjourna de 1924 à 1928: textes "grecs" d'André Dhôtel, lettres à André Gaillard, photographies provenant des archives d'André Dhôtel. Quelques études viennent compléter cet ensemble.
Le cahier numéro 8 (Avril 2011) publie le théâtre radiophonique d'André Dhôtel: L'Homme de la Scierie (diffusé en 1960), La Fille Sauvage ou les Réalités de la Vie (1962), L'Inconnu (1970), L'Île aux Oiseaux de Fer (1972). Il est illustré par Camille Claus, Chloé Saelens, Laurent Notte, Michèle Gillet, et Christian Dekoster.
Le cahier numéro 7 (Février 2010) présente une bibliographie des ouvres d'André Dhôtel, suivie d'une Petite Anthologie Rimbaldienne.
Le cahier numéro 6 (Noel 2008) évoque la correspondance d'André Dhôtel avec trois poètes: Armen Lubin, Noël Tuot, Jean-Claude Pirotte.
Le cahier numéro 5 (Noel 2007) est consacré au théâtre d'André Dhôtel.
André Dhôtel a, tout au long de sa vie, correspondu avec les poètes. Parmi eux, Armen Lubin (1903-1974) a fait l’objet de sa plus haute attention. Les deux hommes échangent des lettres entre 1949 et 1972. Il y est question d’entraide et de soutien mutuel, au-delà des préoccupations littéraires de chacun. Lubin, qui passera de longues années en sanatoriums – expérience qu’il relatera dans les vers du Passager clandestin (1946) ou dans la prose du Transfert nocturne (1955) – ne fait pas état de cette misère physique. Il la transcende notamment par la solide amitié qu’il voue à son correspondant. Dhôtel est au diapason : Je n’imagine qu’un monde où tout le monde s’entend, et on chipote sur des ombres de confl its sentimentaux et littéraires.
Noël Tuot (1945) est, quant à lui, un jeune poète ardennais qui a bien des diffi cultés à se faire publier, lorsqu’en 1974 il correspond avec André Dhôtel, de 45 ans son aîné. Natif de Lametz, Ardennes, non loin de Mont-de-Jeux, il se tourne naturellement vers un pays, pour solliciter son aide et lui témoigner sa gratitude. L’auteur des Disparus n’aura de cesse, jusqu’en 1985, de prodiguer conseils et encouragements à Tuot, qui fera paraître, entre autres, Le Curé de Camaret, pièce de théâtre (1989), La Femme du Bédouin, recueil poétique (1990) et Le Mariage d’Arthur Rimbaud, roman (1991). Réduit au silence depuis 1991 par un accident de santé, Noël Tuot trace depuis d’énigmatiques figures à l’encre, qui émaillent les pages de ce cahier…
Jean-Claude Pirotte (1939), enfi n, est lecteur de l’écrivain depuis sa prime jeunesse. Il l’a confessé : Je n’ai pu parler de ses livres qu’à André Dhôtel, c’est normal, j’en fi gurais un des personnages, je sortais tout droit des Rues dans l’aurore ou du Village pathétique… Pirotte fi nit par entrer en relation avec l’homme, à qui il écrit entre 1980 et 1991. Si les réponses d’André Dhôtel sont à jamais perdues, les plis adressés par Pirotte à l’auteur de La Vie Passagère expriment les diffi cultés de l’existence. Mais l’on devine le grand profi t moral tiré par Jean-Claude Pirotte d’une conversation avec André Dhôtel…
Le présent cahier offre un large choix de lettres, des rééditions de textes parus en revues, des inédits d’aujourd’hui. Ces documents illustreront les rapports d’André Dhôtel à quelques poètes contemporains, dans l’amitié…
Frédéric Chef.
André Dhôtel (1900-1991) a publié environ soixante-dix ouvrages, dont une quarantaine de romans et recueils de nouvelles, des essais, de la poésie, des biographies et des albums pour les enfants. On sait peut-être moins qu’il est l’auteur de quatre pièces de théâtre.
La première d’entre elles, Le Pays des cerisiers, fut publiée en avril 1947 et créée par Jean-Louis Barrault en seconde partie du Procès. Si Jacques Brenner, à la lecture, fut ravi par Un menu chef-d’œuvre plein de notations sensibles et justes, les spectateurs de l’unique représentation sifflèrent la pièce et la critique, déroutée, se posa la question en ces termes : Mais à quoi rime ce dialogue exsangue ? Il fallut attendre le centenaire de la naissance de l’auteur pour que soit rejouée cette pièce, et ce dans les Ardennes.
Dhôtel n’en poursuivit pas moins son petit chemin de dramaturge, puisqu’il rédigea en 1949 Il fera beau demain, pièce restée à l’état de tapuscrit. Le Gangster, qui traite du mal et de la respectabilité sociale, est restée, comme la précédente, sans lecteurs ni spectateurs depuis sa rédaction en 1956. Vivants, quant à elle, fut écrite en 1973, publiée en 1987 et représentée à Paris en avril 1996. Souvent espiègle, désinvolte, plaisantin, Dhôtel exploite dans cette comédie la verve de ses romans. Les dialogues de Pacôme et Guénolé, deux personnages en quête d’identité, ne sont pas sans rappeler les errances de Wladimir et d’Estragon d’un certain Beckett
C’est donc pour la première fois que ces quatre pièces sont réunies en volume. « La Route Inconnue » est heureuse d’ajouter à la connaissance des Dhôtéliens convaincus ces répliques, ces actes, ces pièces, dont ils feront – nous n’en doutons pas – leur théâtre intime. Les autres découvriront peut-être – qui sait ? – derrière le masque, l’un des visages d’un auteur qu’on ne cesse de redécouvrir.
Frédéric Chef.