L'Observatoire André Dhôtel
et l'installation de Julie Faure-Brac

 

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De quoi s’agit-il ? Le Directeur de la Bibliothèque Départementale des Ardennes, Jean-Rémi François, qui est l’initiateur du retour des archives d’André Dhôtel dans les Ardennes et qui s’emploie à promouvoir son œuvre dans le département, présente ainsi ce nouvel organisme :

« Avec l’aide précieuse de François Dhôtel et de l’association La Route inconnue, et grâce aux Archives Départementales des Ardennes, le Département des Ardennes a créé en 2020 l’observatoire André Dhôtel. Sa mission est de préserver les archives littéraires et les manuscrits de l’auteur déposés aux Archives départementales des Ardennes mais aussi de promouvoir la lecture de ses œuvres. »

L’observatoire est doté d’un logo conçu par le graphiste Carlo Oliveira : les yeux pour observer, le pas du promeneux au chapeau, l’oiseau et le rameau évocateurs de la nature, si présente dans le « monde d’André Dhôtel ».


logo de l'Observatoire André Dhôtel


L’installation de Julie Faure-Brac :
Regard sur le monde d’André Dhôtel

Une des premières réalisations de l’Observatoire est une installation conçue pour être itinérante. Nous en avions parlé lors de notre assemblée générale de 2020, en septembre dernier au Mont-de- Jeux (voir le compte rendu de cette A.G. et le bulletin n° 56 page 39). Julie Faure-Brac nous en avait montré quelques éléments. Elle a terminé son travail et l’installation a été mise en place au printemps dernier au collège d’Attigny, dans le cadre d’un Projet Artistique Globalisé (classes de cours moyen et de 6e) puis, du 11 juillet au 30 septembre, au domaine de Vendresse. En automne elle sera présentée à la médiathèque de Poix-Terron, toujours dans les Ardennes. Le vendredi 8 octobre, veille de notre A.G. à Charleville-Mézières, aura lieu son inauguration, où nous serons présents.

Jean-Rémi François la présente ainsi au dos d’une affichette éditée pour l’occasion :

« Regard sur le monde d’André Dhôtel est une installation artistique itinérante conçue comme une porte d’entrée dans le monde littéraire d’André Dhôtel. Elle a vocation à se balader dans la campagne ardennaise et ailleurs, dans les bibliothèques, les écoles, les lieux de patrimoine… Cette œuvre, imaginée et réalisée par l’artiste plasticienne Julie Faure-Brac (et grâce aux mains expertes de la section menuiserie du lycée Charles-de-Gonzague de Charleville- Mézières), a été initiée en collaboration avec l’association La Route inconnue. Accompagnée pour les éditions de la patte graphique de Carlo Oliveira, elle a reçu le soutien du Ministère de la Culture et de la Région Grand Est. »

Une partie de l’installation au collège d’Attigny
Une partie de l’installation au collège d’Attigny


En quoi a consisté la collaboration de La Route inconnue ?

Son secrétaire a été convié aux réunions préparatoires au lancement de cette entreprise, qui l’a rempli de satisfaction (On veut faire lire Dhôtel dans les Ardennes – et ailleurs ? Voilà une bonne nouvelle !). Il a fourni à Julie Faure-Brac un ensemble de textes, de thèmes, de documents iconographiques qui se sont ajoutés à ce qu’elle connaissait déjà de Dhôtel, mais c’est elle et elle seule qui a conçu l’installation.

Nouvelle satisfaction pour le secrétaire : le résultat est à la hauteur des espérances… Le travail habituel de Julie trouvant son inspiration dans la nature – arbres, végétaux et animaux – elle est entrée de plain-pied dans l’univers dhôtelien, son compatriote ardennais. Loin des niaiseries et mièvreries datées qui sont le lot de trop d’éditions illustrées de Dhôtel, ses dessins allient la précision des planches de botanique ou des cartes de géographie et la belle inventivité dans l’accompagnement graphique des textes. Car une des qualités de cette installation est le choix judicieux de citations, reproduites sur des supports variés : panneaux de bois, paravents, couvercles de valises, supports transparents, pupitres inclinés, etc. Ni écrans tactiles, ni vidéos passant en boucle, ni profusion de photographies, mais une belle richesse de dessins souvent en noir et blanc, le choix heureux du bois et les astucieux dispositifs de « mise en scène » des textes et des images.


Comment se présente exactement cette installation ? Le site internet du domaine de Vendresse donne une description très exacte de l’ensemble, que nous reproduisons :

« L’exposition montre les points communs entre l’écrivain et la plasticienne : la nature révélée et le surgissement du merveilleux. Elle est itinérante et donc conçue dans un souci de « rangement minimum » et une volonté de proximité avec le spectateur. Le 1er paravent repliable montre le travail et le portrait d’André Dhôtel avec ses attributs (cigarette, cahier et panier) ; les objets de son quotidien. Le 2ème paravent aborde le thème du voyage, du départ cher au conteur avec la gare et ses rails qui ne finissent pas. Les "maisonnettes" emboîtables présentent des vues aériennes de paysages ardennais peuplés d’oiseau dont le milan, animal préféré de l’écrivain. L’une d’elles est consacrée à la nouvelle Le Robinson de la rivière.

La nature est détaillée et accessible par un jeu de cubes manipulables. L’ensemble de valises invite au voyage par des ombres ciselées inspirées de différents extraits de textes de l’écrivain. Les techniques choisies par Julie Faure-Brac sont très variées: crayon de mine, de couleurs, peinture, gravure, collage, taille du contreplaqué… Ses images se jouent de l’échelle, des degrés de réalisme, des couleurs et du noir et blanc et partent au pays de l’imaginaire. »




Les fiches du P.A.G.

Cinq fiches ont été éditées à l’usage des élèves qui participeront aux Projets Artistiques Globalisés. Chacune comporte un court texte de présentation suivi de deux idées d’ateliers créatifs :


Un exemple, la fiche 5 :

Les Ardennes de Dhôtel. Une campagne vallonnée avec des collines boisées, des routes qui s’échappent et des vallées qui se cachent, des gares désertées avec des voies ferrées, un canal, une forêt, un marais, une rivière, des sous-bois, une clairière, des lieux abandonnés chargés de mystères, et un village avec des gens qui vivent de curieuses histoires… Le pays d’André Dhôtel, c’est aussi un peu les Ardennes.

Idées d’ateliers créatifs : 1. Décris le paysage et ses éléments, puis imagine une histoire à écrire sur une carte postale adressée à André Dhôtel. 2. Dessine un paysage imaginaire qui rassemble plusieurs lieux que tu aimes ou dont tu rêves.



À Vendresse a été exposé le travail réalisé par les élèves d’Attigny. En 6e ils ont étudié, en classe de français, Le Robinson de la rivière, puis ils ont réalisé, en cours d’arts plastiques, différentes représentations de la rivière et ils ont illustré un passage du conte. Le tout a été réuni en une fresque collective exposée sur une longue table.




L’édition d’une nouvelle : L’Oiseau d’or

L’installation de Julie Faure-Brac veut donner à voir le monde d’André Dhôtel, mais elle a aussi – surtout – pour but d’amener le visiteur à lire ses livres, et pas seulement le public scolaire. C’est pourquoi une nouvelle est offerte aux visiteurs, avec l’espoir que cette histoire contée en six pages leur donnera l’envie de lire d’autres nouvelles, puis un roman, puis d’autres… Il s’agit de L’Oiseau d’or, paru en revue en 1967 et repris dans le recueil La Nouvelle chronique fabuleuse (Horay, 1984). Tirée à 500 exemplaires, imprimée à Vouziers-Verziers par l’imprimerie Félix, elle se présente sous la forme d’un leporello à huit volets en accordéon comportant au verso six oiseaux merveilleux dessinés par Julie Faure-Brac. Élégant travail éditorial.


Roland Frankart

(texte paru dans le bulletin nº58 de septembre 2021)