La Littérature et le hasard

alinéa

La littérature et le hasard (quelques extraits)

La Littérature et le hasard est paru en 2015 aux éditions Fata Morgana, avec une préface de Christian Bobin et un avant-propos de Philippe Blondeau


On (moi et beaucoup de gens) est toujours occupé par des mesquineries ou seulement des combinaisons pratiques. Il ne sera pas dit qu’une fois nous n’aurons pas parlé des étoiles, de la nature, des champignons, des papillons sans savoir si cela mène ou non à un résultat.

Formes d’art rappelant le hasard des activités végétales : couleurs des broderies grecques – et les friches.

Le caractère de l’œuvre d’art c’est qu’on ne parvient jamais à comprendre comment c’est fait.

Le hasard, le merveilleux est dans l’impossibilité de ne pas romancer. Le devoir, l’effort d’éviter le roman aboutit à une histoire encore plus singulière, et à un romanesque plus sensible encore. (Combattre la croyance c’est la renforcer).

Le langage n’existe pas en dehors de l’événement. L’événement répond mais interroge à son tour et pose des questions que nous n’avions pas prévues. (Voir Jean Paulhan, L’Ortolan, p. 49.)

Le mystère du Dieu a traversé la voix de l’homme (peu importe que cet homme fût sans grandeur), le sourire de la jeune fille ou ce champ de blé.

Pas des dieux d’une puissance étrange, mais absolument beaux et purs et aussi familiers, et dont la force est incommensurable avec la mienne. Pourtant : le merveilleux c’est la découverte de dieux à notre mesure. Curieusement amis, si bien que l’on confond volontiers avec eux un être aimé, pourtant imparfait, mais qui est capable par sa voix, ses paroles et ses gestes d’offrir une sécurité infinie sur laquelle il n’y a plus à revenir. Présence des dieux manifestée par d’indubitables signes, rien que par des signes.

L’écrivain n’est pas un magicien mais un simple bavard, ou un discuteur, ou un type qui fait bavarder les gens, c’est-à-dire quelqu’un qui sait établir des conversations banales.

Ce n’est que dans la suite que des influences surprenantes se révèlent dans cette banalité.

Je raconte une histoire où il n’y a pas un mot de vrai. Tout le monde le sait et on s’y intéresse encore mieux quelque fois parce que ce n’est pas vrai. Mais elle peut être une base de discussion, on peut y trouver des signes, images, etc., à utiliser. Elle peut devenir vraie. Quelquefois c’est un simple passe-temps ou tâtonnement. On ne trouve rien : ce sera pour une autre fois. Et une autre fois on trouve dans une autre histoire. Celle-ci nous aide à rencontrer certaines circonstances.